9.1.07

VIVRE POUR CONSOMMER

BONNE SOLDE!

"Vivre pour consommer?
Au nouvel An 2006 une poignée de riverain de la baie de San Francisco ont formé un voeu particulier: ne plus rien acquérir de neuf durant toute une année.
Vivre ainsi seulement du troc, du marché de seconde main, en achetant d'occasion ou en empruntant à son voisin.
A quelques exceptions près : la nourriture, les sous-vêtements, les produits de santé et, comme l'on dit, de première nécessité.
Pari tenu (à un ou deux objets près).
Douze mois plus tard, une bonne partie d'entre eux ont même décidé de remettre ça pour un an... après toutefois, une journée dite de "jubilation", où chacun sera autorisé à faire le plein de neuf en son foyer.
Baptisé "the Compact", ce groupe
de techniciens, cadres, enseignants ou étudiant californiens expliquent les fondements de leur promesse par un ras-le-bol de la société de consommation qui selon eux, "détruit le monde" plus qu'elle ne le fortifie.
L'initiative, ultralocale, a fait tâche d'huile. Trois mille personnes se sont inscrites à leur groupe de discussion lancée sur Yahoo! Nombreux sont ceux qui y disent avoir (re)découvert les vertus de la réparation et du raccommodage. Ou qui confesse n'avoir finalement pas tant besoin de ce dont ils pensaient ne pas pouvoir se passer.
Le "consommer autrement" ou le "consommer responsable" (voir le guide d'Elisabeth Laville et Marie Balmain Achetons responsable, Seuil 2006, ou le sit Web canadien Ethiquette) ont le vent en poupe dans nos sociétés d'abondance. Sur Internet, le site Freecycle, sorte d'E Bay gratuit et écologique, dont l'objectif est "alléger les décharges municipales et ralentir le consumérisme galopant", impressionne par sa croissance.
Partie de Tucson, dans l'Arizona, en 2003, cet "outil communautaire de don" annonce aujourdhui 3 millions de membres à travers le monde, inscrits dans 3900 groupes locaux de recyclage d'objets usagés, dont une dizaine en France. Une vieille chaise, un piano, une porte ou un stock de parpaings vous embarassent: en quelques clics allez voir si cela peut intéresser quelqu'un.
Aller vers une vie où l'être prime sur l'avoir, opposer le durable à l'éphémère, l'authentique au virtuel, le fondamental au secondaire, revenir, en somme, à l'essentiel - sujet sur lequel le mensuel Psychologies faisait son dossier en décembre : voilà le message que sous-entendent la plupart de ces initiatives. Au Québec, on citera encore ce réseau prônant le retour à la "simplicité volontaire" : " une façon de vivre qui cherche à être moins dépendant de l'argent, de la vitesse et moins gourmande des ressources de la planête".
Depuis Jean Baudrillard, notamment, l'on sait que la consommation n'est pas un acte destiné à combler des besoins, mais représente aussi un leu d'échanges symboliques: les usagers ne consomment pas seulement des produits, ils achètent tout autant le sens de ces produits, ou leur image, qui, à leurs yeux, peut faire une différence. La consommation permet aussi - de vivre toutes sortes d"expériences" , surtout émotionnelles ; tout bon responsable marketing sait ainsi que notre vie est une multitude d' " experiences de consommation". Achat après achat, dit on, celle-ci pourraient même construire une identité.
Le sociologue Zygmunt Bauman a perçu lui aussi ce changement de paradigme: " Alors que les philosophes, les poétes et les moralistes du passé se demandaient si l'on travaille pour vivre ou si 'lon vit pour travailler, le dilemme qui préoccupe nos contemporains pour travailler se formule le plus souvent ainsi : doit-on consommer pour vivre ou vivre pour consommer?"
Cela paraît si vrai qu'avant d'acheter on souhaiterait pouvoir garder en tête la formule d'André Gide qui voulait que "l'importance soit dans [notre] regard, et non dans la chose regardée"!
Article du Monde (dimanche 7, Lundi8 janvier 2007)

Andy nous l'avait bien dit
Andy Warhol.....

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